Mousquetaire, Vol.2 voit son auteur découvrir et dévorer des nouveaux territoires sonores. Ce Volume 2 fait suite au premier volume paru en 2016. En 2018, Humeau se relève, cheveux aux vents et lunettes de soleil vissées sur le nez.
II s’agit de ton quatrième album solo si on compte Vendredi ou les Limbes du Pacifique… Tu n’avais pas écrit les paroles…
Romain Humeau : Ah si. 17 instrumentaux et 8 chansons et j’ai écrit les textes. Ils sont inspirés de Defoe mais j’ai écrit les textes de cet album.
Tu cherchais pas mal de choses avec le premier single Chercher. As-tu trouvé des réponses avec ton label Seed Bombs ?
Seed bombs est une vraie réponse à d’autres questions. Ces questions datent de cinq ou six ans. Va-t-on continuer dans un système fait de maisons de disques qui te prennent 90% des bénéfices de tes ventes de disques alors qu’on ne vend plus de disques ? On y a répondu tout bêtement.
Romain Humeau – Chercher
Pour le moment c’est pour toi uniquement et Eiffel. Comptes-tu aider d’autres artistes ?
J’aimerai bien mais actuellement je n’ai pas les moyens de m’aider moi même. Je suis dans le même cas que Mademoizelle K ou Stuck In The Sound. Il faut déjà que je m’aide bien et que j’aide Eiffel. Et on verra après. S’il y avait 4 millions ou même 500 000 euros sur le compte, je dirais oui immédiatement. Mais ce n’est pas le cas.
On se retrouve un peu comme dans une AMAP. Du producteur au consommateur. J’ai Spotify. Tu as mis ton single uniquement sur ce site d’écoute en ligne. IL n’y a pas une contradiction. Spotify, c’est la pire solution actuelle.
C’est le pire. Tu as parfaitement raison de poser la question. Mais l’être humain est fait de contradictions. Mais aujourd’hui sans Internet, sans une boite mail, ce n’est pas tenable. Si tu n’as pas ta chanson sur Spotify, tu n’existes pas. Ces systèmes vont disparaître. Et il restera les disques. Mais ce n’est que mon avis. C’est pour cela qu’il faut améliorer la qualité. Non pas sonore car on est au maximum. Mais on se doit de faire des coffrets, des choses plus originales. Je ne voulais pas être sur Spotify, Deezer et Apple Music. Mais c’est une obligation. C’est une prison. Si tu ne le fais pas, on ne t’écoute pas.
Tu as de nouveau travaillé avec Nicolas Bonnière. Peux-tu me parler de lui un petit peu. Quel est son rôle ?
Il est arrivé il y a dix ans dans Eiffel. Il est aussi producteur. On s’entend très bien et comme il travaille très bien, je lui ai demandé de m’aider. Je voulais avoir une sorte de vis-à-vis. Il défend aussi le projet et joue sur scène avec moi. C’est une collaboration de longue haleine. Eiffel, c’est une vingtaine de personnes que ce soit pour le management, le recording, la scène, le son. C’est une arme. On se connait bien donc on va vite sur certaines choses. Ou on va lentement sur d’autres choses mais on sait ce que l’on cherche.
Et qui sera sur scène avec toi sur cette tournée ?
Comme pour Mousquetaire Vol. 1., il y aura Hugo Cechosz et Estelle. Certains médias m’épinglent car il y a deux membres d’Eiffel. C’est totalement stupide. Estelle joue de la basse dans Eiffel et là du clavier. Et Guillaume Marceau n’est pas sur Eiffel. On est du même bled, Nérac dans le Lot et Garonne. On peut proposer plein de formules car chacun peut changer de fonction car nous sommes tous multi-instrumentistes. Même si aujourd’hui, chacun se cantonne à son instrument.
Et en ce qui concerne les concerts et les set-lists. Il y aura des petites surprises ?
Il n’y aura pas que des titres du dernier album. Deux chansons de Vendredi, des chansons du premier et de l’Eternité. Demain, au Point Ephémère, ce ne sera pas le cas car c’est un set « court » d’une heure quarante. J’ai beaucoup de chansons. J’ai déposé 500 chansons à la S.A.C.E.M. et 300 sont éditées. En solo, je me retrouve à devoir choisir parmi 80 chansons. Nous en avons travaillé 35 mais nous ne les jouons pas toutes car ça ferait des sets de 3 heures. On tourne autour de ces quatre albums. Et il y aura la reprise de Gorillaz, Slow Down des Beatles et une chanson de Bowie, Andy Warhol.
J’ai apprécié l’éclectisme sur ton nouvel album. Il y a du Clash, du Radiohead, du Gorillaz.
Peut-être pas trop Radiohead. Ils sont très blues. Il chante des mélopées qui se ressemblent souvent. Attention, ce n’est pas une critique.
Je parlais du Radiohead du début.
J’ai beaucoup de considération pour ce groupe. Pour les Clash… Je voulais que ce disque sonne comme une rencontre des Clash avec Gorillaz. Tu me répondras qu’il y a Paul Simonon, ex The Clash dans Gorillaz. Mes influences sont multiples comme pour beaucoup de monde et n’ont parfois rien à voir. Cela va des Beatles à Tom Waits, de Frank Black à Richard Gotainer et je ne dis pas ça pour provoquer, de Piaf à Brel. Et Gorillaz. Tant mieux si on entend ces artistes dans mon disque. D’ailleurs Albarn dit à propos de Gorillaz que c’est inspiré par plein de choses comme les Specials et le Wu Tang. Et il y a du Burt Baccharach et des Beatles.
On fait de la musique que parce que les autres font de la musique. Kurt Cobain disait qu’il était composé que des miettes des autres. Il citait toujours les Breeders, les Pixies, Lennon. Je partage cette vision là des choses, cette culture. Le type qui débarque et qui dit qu’il n’écoute que du rock… C’est ringard. Je n’aime pas être catalogué rock français. Mais écoutez Milliardaire ou Je Voudrais pas crever. Les médias n’écoutent pas les chansons. Ou rarement.
Je voulais te parler de Damon Albarn…
Tu peux. Je pourrais en parler pendant des heures. Je suis amoureux de Damon Albarn. C’est l’un de mes héros… Qui est encore vivant. Il m’a aidé, à mon niveau de mec inconnu, dans mon travail. Je suis têtu. Je suis bélier ascendant bélier. Plus on me dit de recentrer mon travail, de me recentrer sur Eiffel, plus je vais faire des projets différents. Je suis en concurrence avec moi même. Eiffel n’est pas mort. On va faire un autre disque. J’ai 46 ans, on continue Eiffel mais on ne continue pas comme si on avait 20 ans.
Beaucoup de groupes de notre génération ont splitté… Nous, non. On prend des pauses de 3 ou 4 ans pour avoir envie de faire des choses ensemble.
Romain Humeau – Last Living Souls (SK Session – 2016)
En écoutant ton disque, tu sembles plus révolté que quand tu étais plus jeune.
Je ne revendique rien. Je n’ai pas plus d’importance que toi. C’est le problème du rock français. Je ne sais plus qui avait dit ça « A défaut d’être inspiré, le rock français est engagé ». Quand tu n’as que trois accords dans les poignes, tu écris un texte engagé. Je ne veux pas être de cette caste. Plus tu vieillis, plus tu comprends le monde et plus tu as de raison d’être révolté. Rien ne va en ce moment. J’aime beaucoup ce qu’a fait Neil Young avec Monsanto. Je suis un citoyen révolté. Je suis dans une AMAP grâce à Estelle qui elle est encore plus révolté que moi. C’est une vraie punk. Je ne te cache pas que j’essaye d’éviter les formules toutes faites, les hymnes. Je ne veux pas de chansons « A tout moment la rue ».. C’est pour ça que qu’il y aura une chanson qui s’appellera Oui dans le prochain Eiffel. C’est un scoop. Elle sera bâtie sur la même ligne mélodique. La rue ne dit jamais non. La preuve, elle a eu Macron.
Tu n’es pas parti rejoindre En Marche ?
Non, j’ai peut-être eu l’air ridicule mais je suis allé jouer Place de La République pour Benoît Hamon. Je ne suis pas mélenchoniste mais je peux voter pour lui en dernier recours.
Tu écris des textes d’écorché vif avec une certaine finesse littéraire. Et tu as amené le hip-hop dans le rock comme Bertrand Cantat. Est-ce qu’un projet commun est envisagé ?
Je ne pense pas. Enfin j’en sais rien. Ce n’est pas souhaitable. Je peux comprendre que nous possédions des points communs mais il y a aussi des dissemblances. Et puis nous sommes tous les deux auteurs-compositeurs. C’est difficilement conciliable. C’est comme avec Damon Albarn. Comme Bertrand, nous sommes auteurs compositeurs. Et puis il ne faut pas aller là où les gens croient que tu vas aller. Je ne suis pas si rock français que ça. En France, j’adorerai collaborer avec un Catalan qui fait de la musique catalane et qui s’appelle Jordi Savall. Pour toutes ces raisons, je pense que ça ne serait pas bien.
Tu chantes plus en anglais. Le rock est mieux en anglais ?
Les anglais et les américains sont meilleurs que nous. Comme pour l’éducation musicale. Tu prends la pire merde du Top 50 anglais… C’est super bien produit. Je préférerais toujours les Destiny’s Child à Doré. On a été excellents au 19ième siècle. On a des gens merveilleux comme Higelin.
Après on dit que je rale tout le temps. Il y a des gens très bien aujourd’hui. Comme Camille. Feu! Chatterton, Stuck In The Sound. Il faut le dire. Ils sont entourés par des merdes.
Et l’anglais ?
Ma culture est anglo-saxonne. J’ai écouté très tôt les Beatles. Avant, je jetais toutes les mélodies que je ne pouvais pas mettre en français. Je veux proposer des harmonies particulières. J’ai accepté avec le temps de chanter en anglais. J’écris plus précisément en français. En Anglais je m’exprime différemment. C’est comme si deux personnes co-existaient.
Et un recueil de poèmes ? Tu n’as pas envie de passer par la case roman ?
Avant je ne m’en octroyais pas le droit. Ecrire une chanson, écrire un roman c’est deux métiers différents. C’est comme être garagiste et rugbyman. Tu es toujours fan de quelque chose. Moi,je suis fan de Céline et de Yourcenar. Ils ont fini par me donner envie. Mais je ne sais pas le faire. Je vais me donner le temps. Le livre pourrait s’appeler Camille ou le ventre du monde. Quant au recueil de poèmes, c’est en projet et il s’appellera A tombeaux ouvert .
Romain Humeau - Mousquetaire, Vol.2
Mousquetaire, Vol.2 de Romain Humeau est disponible chez Musicast.
Romain Humeau sera en concert dans toute la France et passera notamment à Lyon pour une rencontre et un mini set acoustique le 2 février à L’Antirouille et le 8 février au Marché Gare puis à Paris le 6 avril à La Gaîté Lyrique.
La photographie utilisée en Une est la propriété de Fred Hédin.
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Erreur ! Nerac est en Lot et garonne !!! Pas en Tarn et Garonne …. et Romain un pur « produit lot et garonnais … qui a fait ses études a Agen au Lycée Bernard Palissy …
Toutes nos excuses…