Vous venez de sortir votre treizième album, Différent Days et vous jouez ce soir à La Maroquinerie à Paris ; la salle est complète. Finalement vous n’étiez pas des Charlatans… Comment tenez-vous depuis si longtemps ? Quel est votre secret ?
Tim Burgess : Ah Ah ! C’est juste que j’aime jouer de la musique et que le public trouve que ce que l’on fait est intéressant. J’adore ce que je fais et pendant longtemps j’ai dû me battre pour avoir le droit d’être là. On disait : Tim Burgess est une pin-up, Tim Burgess est ceci ou cela, tout le monde avait son idée sur mon physique ou sur ce que j’étais, mais moi personnellement je voulais juste faire de la musique. Tu vois ?
Discographie
The CharlatansVous utilisiez beaucoup l’orgue Hammond auparavant, c’était une marque de votre son, mais il a tendance à se faire plus discret sur vos nouveaux albums. Etait-ce plutôt le truc de Rob Collins ?
Oui, oui l’orgue Hammond, ah oui! Non je pense que ça s’est fait graduellement, il y en a toujours mais, il y a plein de façons de mettre en musique une chanson et ça va pas toujours être avec de l’orgue Hammond au final. Mais ça été un des sons principaux au départ car Rob était avec nous. Il était un des principaux compositeurs du groupe.
Il y a pas mal de son électro sur cet album.
Oui, on a travaillé avec Stephen de New Order sur cet album. C’est un bon ami mais c’était surtout un immense privilège de travailler nos chansons avec lui ; nous pensions qu’elles avaient besoin de parties de batterie très précises et Stephen est le roi pour ce genre de choses.
Vous avez eu pas mal de collaborations sur cet album, comment cela s’est mis en place ?
Oui, oui carrément, ça a commencé avec Stephen, on voulait un certain son sur les morceaux, à commencer par des parties de batterie très précises et on savait que Stephen était la bonne personne pour ça, il s’est avéré qu’il nous a amené Gillian Gilbert de New Order. Elle a réussi à apporter pas mal de choses. Puis Johnny Marr est arrivé juste après, et quelque chose s’est passé. Ce disque est un album très collaboratif. Je n’arrête pas de répéter que nous avons passé un moment particulier, je voulais voir mes amis et faire des choses avec eux et ça incluait Johnny Marr et Ian Rankin, tu vois ? Faire un truc ces superbes personnes.
L’année prochaine l’album Us and Us Only fêtera son 20ème Anniversaire, c’est un album très folk dans le son et plus personnel que les suivants dans les paroles, peux tu m’en parler un peu ?
Ça passe vite ! Us and Us Only, c’était particulier, c’était le premier album sans Rob, j’étais parti pour les States, c’est la grosse différence avec Different days, j’étais très axé sur mon départ, alors que Diffent Days ne retranscrit pas une période comme ça, là c’était du CNN 24/24, écrire sur ce que je ressentais et sur ma volonté de quitter l’Angleterre.
Peux-tu me parler de la pochette de votre nouvel album ?
Il s’agit de Barcelone. C’est une photographie de cette ville qui possède plein de diversités, ça me paraissait coller parfaitement à l’album, ce léger mouvement avec les lumières et les variations de mouvements en fonction des heures… tu vois ?
Nous sommes maintenant sur de la musique dématérialisée et vous sortez l’album en format cassette ?
Ah ah ! Eh bien, tu vois, c’était une édition limitée de cassettes faites pour les personnes qui ont toujours un lecteur de cassettes et il doit y en avoir, en tout cas au moins 500, car on a tout vendu ! Enfin on aime bien l’idée de couvrir toute l’étendue des supports sur lesquels les gens peuvent écouter notre musique, tant qu’ils continuent de le faire.
Tu as vécu 12 ans aux Etats-Unis, est-ce que cela a changé votre façon de travailler ensemble ?
Oui, c’est vrai, on ne s‘en rendait pas compte à l’époque mais maintenant que je suis revenu on se rend compte à quel point nous étions éloignés, mais c’est beaucoup plus simple maintenant.
Est-ce que cet éloignement vous a appris à composer chacun de votre coté ?
Oui, certainement, mais ça m’a surtout fait réaliser à quel point nous pouvons être créatifs quand on est ensemble, et qu’on est sur la même base, avant je pouvais parler de chose en rapport avec la Californie et les autres essayaient de comprendre mais me regardaient genre, « mais de quoi parles-tu ? »
Tu as dis un jour que tu aurais été facteur si tu n’avais pas réussi dans la musique ?
En fait je travaillais pour une usine de médicaments, et je livrais du courrier et c’était simple, j’écoutais ma musique, je prenais du courrier et je le mettais dans les boites à lettres des gens, j’avais un groupe déjà mais je n’imaginais pas en faire une carrière.
Tu as un enfant maintenant, lui conseillerais-tu de tenter sa chance dans la musique ? En connaissant les difficultés ?
Oui bien sur je lui recommanderai ! Il est fou de musique de toute façon. C’est ma façon de vivre, je suis un musicien, il n’a que 4 ans, mais il dit : « Je veux jouer de la batterie, du piano, de la guitare et je veux aussi chanter. » Il n’a connu que ce mode de vie.
Donc tu n’as aucun regret à ce niveau ?
Non aucun regret, c’est difficile parfois, il fallait se battre au début et ça l’a toujours été, et il le faut toujours aujourd’hui.
Tu as créé un label et tu produis Average Sex, le groupe qui assure votre première partie ce soir.
Oui. Quand je suis rentré des Etats-Unis, je vivais à Londres dans un atelier communautaire. Nous étions une dizaine d’artistes. C’était le parfait endroit pour revenir et rencontrer des personnes intéressantes. Mes amis m’ont suggéré de monter un label parce que j’ai toujours porté beaucoup d’intérêt aux nouveaux groupes. Il y avait ce groupe en particulier que je voulais produire, ils s’appelaient Electricity In Our Homes. Ils me rappelaient le New York des années 70, l’époque No Wave. C’étaient de gens de 19 ans et à Londres, ça m’a paru incroyable. C’est ainsi que tout a commencé. J’ai ensuite signé d’autres groupes. Ils sont restés de petit groupes. On a multiplié les sorties et j’ai signé Stevie Moore de Nashville. Ce type a déjà publié 400 disques. Le label est devenu international à ce moment là. Enfin il est surtout international dans ma tête.
Pour revenir à Average Sex qui jouent avec nous ce soir, le batteur, Finn jouait dans un groupe que j’ai produit. Il joue aussi dans mon groupe solo et il a pas mal de projets. Son groupe Average Sex joue avec nous sur deux dates seulement car ils travaillent à coté et doivent retourner bosser. Attention, je ne me moque pas mais je ne veux pas leur faire perdre de l’argent.
R.E.M a fait un album avec des boites à rythmes quand leur batteur a arrêté, avez-vous essayé ?
R.E.M. ? Oui c’était l’album UP. Je pense beaucoup à R.E.M.. Mais pour nous, John était un membre très important dans le groupe et la plupart du temps on commençait les morceaux avec ses rythmes ou des parties basses-batterie c’était une manière de composer nos morceaux. Quand il est mort, on a dû revoir les choses et partir d’une chanson en elle-même à chaque fois et c’était nouveau. On commence toujours par une boîte à rythmes.
Mais vous ne gardez pas le côté boite à rythme sur le résultat final ?
C’est arrivé, mais c’est vrai que l’on superpose en général de vraies parties de batteries pour le moment, mais je suis très ouvert aux expériences. Comme avec Stephen Morris dont je suis très fan.
Charlatans - Different Days
Different Days des Charlatans est disponible chez BMG.
Les photographies utilisées dans cet article sont la propriété de Fred Hédin.
- Hey Sunrise
- Solutions
- Different Days
- Future Tense
- Plastic Machinery
- The Forgotten One
- Not Forgotten
- There Will Be Chances
- Over Again
- The Same House
- Let's Go Together
- The Setting Sun
- Spinning Out