Quatre ans après la parution de The Bloom Of Division, Marble Arch est de retour avec Children Of The Slump. Signé sur le tout jeune label Géographie et mixé par Bart Bouveret, Children Of The Slump s'annonce comme un des grands rendez-vous de 2019.


Il va falloir patienter encore quelques semaines avant de se jeter dans les nappes de guitares des nouveaux morceaux de Yann Le Razavet aka Marble Arch. Mais comme ce dernier est un chic type, il nous confie, pour patienter, un nouveau morceau et une baby-sitter.

Quel est ton état d’esprit quelques jours après la sortie d’I’m On My Way ?

Marble Arch : Content ! Cette sortie me fait du bien. Après toutes ces péripéties, comme le changement de line-up, il a fallu ré-apprendre les morceaux. Bref, cette sortie arrive enfin et ça fait du bien de l’entendre ailleurs que depuis son ordinateur.

Discographie

Quelle est la teneur des premiers retours ? J’ai vu que les médias anglo-saxons avaient écouté ton disque. Tu es surpris ?

Pas tant que ça. J’ai gardé des contacts depuis mon premier album. Tout s’est fait naturellement. Ils sont restés à mon écoute. Tout s’est fait tout seul.

Marble Arch – I’m on my way

Pourquoi avoir appelé ce disque Children Of The Slump ?

C’est le nom d’un des morceaux de l’album. Il représente parfaitement mon état d’esprit. Il résume bien les deux années d’écriture et cette partie de ma vie. C’est assez personnel. Le texte marche bien car on passe des rires aux larmes. Comme la majorité des morceaux de cet album, il y a un fond très personnel voir vécu.

C’est un disque que tu considères comme personnel ?

Toujours. Le premier l’était beaucoup. Là j’ai tenté de trouver d’autres pistes. Mais ça reste très personnel.

Comment as-tu rencontré les gens du label Géographie ?

J’ai commencé le groupe seul. Nicolas, de Géographie, m’a tout de suite aidé. C’était une démarche très sincère. Nicolas n’avait pas encore son label… Il vient de le monter. C’est la suite logique.

Marble Arch
© Louis Teyssedou

L’enregistrement de ce disque a pris deux ans. Pourquoi autant de temps ?

J’ai essayé de quitter le coté lo-fi du premier disque. Quand on a tout mis sur la table, on s’est dit qu’on pouvait faire gagner en qualité les morceaux. Le premier est très home-made. Là, il fallait faire ressentir les arrangements. C’est Bart Bouveret (Brace Brace,Good Morning Tv) qui a eu en charge les arrangements et la production. Donc tout cela a pris un peu de temps.

Cela t’a fait violence de confier quelque chose à quelqu’un d’autre toi ?

Non. J’ai besoin des autres. Mais le processus de création reste le même : j’ai tout créé seul. A part la batterie (Danny Kendrick) et le solo d’Instant Love (Thomas Tan)…. J’aime bien faire un morceau de A à Z. J’aime bien avoir le contrôle. Petit à petit, j’essaye de proposer des choses aux gens de mon groupe. Ils sont très talentueux. Bart a réussi ce que je ne peux pas faire.

Tout a été fait chez toi ?

Oui. Sauf le mix et le master qui a été fait par Luis Calderon.

Combien de temps a pris l’enregistrement ?

Globalement… Deux ans.

Et d’où te vient ce goût pour le shoegaze et la dream pop ?

C’est un « genre » que j’ai beaucoup écouté. Mais J’essaie, aujourd’hui, de diluer le côté shoegaze avec plein d’autres choses, plus pop. J’essaye « d’hybrider » pleins de mes influences, d’ouvrir le spectre pour y retrouver tout ce que j’aime…

As-tu eu des modèles pour ce disque ?

Non, il est assez hétéroclite. C’est plutôt une compilation de titres. J’essaye de créer en fonction de ce que j’aime, de mes humeurs. J’aime bien les artistes qui s’offrent des libertés comme Ariel Pink. Après peut-être que les gens y trouveront des références.

Tu as toujours écouté du shoegaze ?

Non, j’ai commencé par le rap quand j’étais au collège. Et je confesse avoir eu une petite période nu-métal. Enfin plutôt genre At The Drive In. Et je suis tombé dans la vague Strokes.
Après, plus rien n’a été pareil. J’ai adoré These New Puritans. J’ai écouté beaucoup The Wake, My Bloody Valentine. Surtout Loveless.

Quel est le meilleur souvenir de l’enregistrement de ce nouvel album ?

Quand j’ai commencé à le mixer avec Bart. J’avais quelque chose de très cheap. Avec Bart, les choses ont pris un gros gap.

Et cette pochette ? C’est bien une Mercedes avec des roses…

J’ai eu du mal à faire cette pochette. Au départ je suis allé dans tous les sens mais j’ai toujours voulu qu’elle représente ces deux dernières années, mon quartier, enfin tout ce qui m’a aidé à construire cet album. J’ai commencé à composer quand nous sommes (moi et ma copine) arrivés dans notre quartier du treizième arrondissement. A l’époque, nous habitions tout en haut d’un immeuble et le soir je pouvais voir des couchers de soleil magnifiques. Des tours de bétons brut dans des ciels de couleurs pastels, des enseignes lumineuses de toutes les teintes et langues, une population très cosmopolite.
Je pense que tout ça a beaucoup influencé ma musique, il fallait que je retrouve ça dans l’artwork. Aujourd’hui nous avons déménagé de quelques rues (nous sommes très attaché à ce quartier) et c’est comme ça que je suis tombé sur cette voiture (qui n’a jamais bougée). Je passais devant très souvent, j’ai une histoire avec elle…

C’est toi qui a mis des fleurs dessus ??

Oui, d’ailleurs le propriétaire me tournait autour. Je tenais à l’intégrer à la cover. Elle est très graphique, elle a à la fois quelque chose de doux mais destroy. Avec les roses en plus je trouvais qu’il y avait un joli contraste, de la mélancolie. Ça collait bien avec Children Of The Slump. Et ma volonté d’intégrer un élément de mon environnement.

Quelle est l’histoire de Reminiscence ?

Tout est parti d’une ligne de basse. C’est le seul morceau qui parle de l’enfance. C’est un petit garçon qui se fait emmerder.

TOP 10

1) Ton album préféré de cette année ?

Supermercado de Corridor (Requiem pour un Twister).

2) Le disque que tu attends le plus ?

Celui de Gus Dapperton. C’est un Américain. Je me retrouve dans ce qu’il fait. Il bosse seul et fait tout chez lui.

3) Le disque tout le monde a écouté sauf toi ?

Ty Segall. Je n’ai jamais écouté.

4) Le disque que personne te soupçonne d’écouter ?

Sade. Mais j’ai un t-shirt Sade… Les gens doivent s’en douter.

5) Ta pochette de disque préférée ?

Dangerous de Michael Jackson.

6) Ta chanson préférée de My Bloody Valentine ?

Slow.

7) Le meilleur endroit pour faire un concert ?

Le Point Éphémère.

8) Le meilleur endroit pour voir un concert ?

L’Espace B pour l’ambiance et La Cigale.

9) L’artiste mort avec qui tu aurais bien aimé boire un verre ?

George Michael.

10) Le refrain ultime ?

740 Boys de Shimmy Shake. Quand ça démarre, tout le monde comprend.

Children Of The Slump de Marble Arch sera disponible le 22 février 2019 chez Géographie Records/Echo Orange.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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