Il y a de fortes chances que Quentin Isidore ait regardé la mer en écoutant les disques des Drums et des Wild Nothing. De ces longues minutes de mélancolie est né Hovercraft, un disque aussi équilibré qu’addictif.
Comment s’est déroulé l’enregistrement d’Hovercraft ?
Quention Isidore : J’ai composé les maquettes de la plupart des morceaux chez moi, à Boulogne sur Mer, puis ramené le tout chez David Sagot (aka Fools Ferguson) qui possède un studio sur la Côte. On a passé presque deux ans de nos petites vies à enregistrer là-bas. C’était un travail de longue haleine, avec des morceaux remaniés pas mal de fois.On a varié les sessions recording en groupe, en duo avec David, et les sessions de nuit, seul pour expérimenter. Je déconstruisais parfois ce qu’on avait construit, pour finalement tout reconstruire. Bref, on est vraiment allé au bout de ce que pouvait être les morceaux, ce qui a donné pas mal de fil à retordre à David ! C’est clairement le sixième membre du groupe, autant sur les conseils techniques qu’artistiques. Le recording a donc évolué au fil de l’eau. Certains morceaux ont été réenregistrés jusqu’à trois ou quatre fois peut être, d’autres ont été mis de côté. Cette évolution on la doit aussi au gros travail du groupe sur scène qui s’est construit dans le même timing, avec pas loin de 30 concerts, on a clairement pu tester nos songs et leur pertinence.
D’ailleurs pourquoi ce titre Hovercraft ?
L’Hovercraft c’est tout simplement « chez nous ». Il n’y a pas si longtemps il existait un aéroglisseur sur l’opale qui permettait de relier l’Angleterre à la France, On connait la Côte d’Opale pour ça d’ailleurs. Cet album va en ce sens. Il est un pont entre nos deux Côtes. D’ailleurs il est exprimé tantôt en Anglais, tantôt en Français. Pour nous, FR/UK il y a très peu de différence. « Hovercraft » c’est aussi le mélange des éléments avec l’air et l’eau, les sons éthérés et liquides qui animent l’album. Enfin, et ça je ne peux vraiment l’expliquer, ça me donne l’impression d’une sensation de chaleur et paradoxalement de fraîcheur, de puissance et de douceur, de force et sensibilité. J’y vois du bleu, du ciel, du blanc, du noir, et la mer, comme d’habitude qui revient toujours.
Pourquoi Quentin a t-il réalisé la pochette ?
Disons que je savais exactement le design que je voulais mettre en place avec la structure très symétrique, comme une fenêtre sur la mer. Mais la photo n’est pas de moi, elle est de la talentueuse Annie Spratt, photographe Américaine. Cette photo me parlait beaucoup alors je l’ai contactée et ça c’est fait comme ça. Je l’ai combinée à une autre de ses photos et mise en relief par le quadrillage et le cadre blanc, comme un tableau. Pour moi, derrière tout ça il y a New Order, Real Estate, Craft Spells, Wild Nothing, Motorama. Une fraicheur pop Pintanière, très pure et dans le même temps une part de mélancolie légèrement plus sombre que j’apprécie et dans laquelle je reconnaissais mon écriture.
Comment avez-vous trouvé votre son ?
Notre son est inspiré de groupes comme Beach Fossils, DIIV, The Drums, bref toute la pop de Brooklyn que l’on écoute à longueur de journée. On retrouve ça dans les lignes de guitares, mais aussi dans la basse aux sonorités très medium.
Pour le son « général « de l’album on s’est aussi inspiré de groupe comme Alvvays qui allie à la perfection synthés et accords de guitares ouverts. Ou encore Craft spells pour la réverbe, Day Wave au grain impeccable, Curent joys pour le côté lo fi, ou encore Motorama au son froid et pourtant chaleureux.
Bien évidemment, on est allé voir du côté des Cure, des Smiths ou encore New Order. Personnellement j’ai aussi beaucoup écouté The Pastels. L’album Slow summit est pour moi une référence majeure dans l’écriture, avec un retour de la guitare acoustique, des trompettes et de la twee pop. Dans le genre on peut retrouver des bribes des Velvet rois de l’ Art Pop, avec ce côté percussif et intuitif.Chez les Frenchies on retrouve aussi bien évidemment Daho, ou François and the Atlas Mountains Bref on ne s’est pas limité à quelques influences. C’est sur scène et pendant les sessions recordings qu’on a pu expérimenté tout ça et finalement trouvé le son qu’on voulait !
Quelle est l’histoire de Zadig, votre premier single ?
Zadig n’est pas le premier Single, c’est en réalité le troisième. Il fait suite à Home et Vacation. C’est un morceau avec lequel j’ai un lien assez particulier puisqu’il s’adresse à mon fils, comme une lettre ouverte. Ce titre, c’était aussi l’occasion de montrer que Pastel Coast n’est pas uniquement un groupe avec lequel on danse ou pour lequel on pourrait fredonnait les titres. c’est aussi un groupe qui peut être plus profond, évoquer des sujets plus intimes, tantôt graves, tantôt allègres mais toujours avec intensité. Sur scène c’est en tout cas comme cela que ça se passe. On enchaîne les titres plus légers, à la cadence pop ,pour finalement lâcher les guitares, taper sur les toms et s’époumoner dans le micro. Ça n’est pas nouveau, des types comme Bowie, Bono, Ellery James Roberts de Wu Lyf ont montré que la Pop pouvait être forte, et je crois que l’on a un peu de ça en nous.
Top 5 Pastel Coast
- 01) Votre disque préféré de 2019 ?
- 02) Le disque de 2020 que vous attendez le plus ?
- 03) Le disque qui met tout le monde d’accord chez Pastel Coast ?
- 04) le disque qui fout forcément la merde chez Pastel Coast ?
- 05) Votre pochette de disque préférée ?
Bien évidemment Heaven surronds you de Surf Curse. On a eu la chance d’ouvrir pour Nick (le batteur chanteur) lors d’un passage à Paris au Supersonic pour sa tournée solo (Current Joys). C’était incroyable. Chaque morceau était d’une émotion vraiment intense et qui plus est, c’est un type vraiment bien.
Le disque de Martin Courtney du projet Real Estate. L’un de meilleurs compositeur Pop de notre génération.
Les deux disques d’Alvvays. un groupe Pop, Rythmé, puissant, et un bon équilibre Homme Femme.
Oh mince. il y en a beaucoup trop pour en citer un ahah. Dans la variété française, le Métal, le Hardrock on est jamais d’accord. Mais dans notre créneau » Pop » au sens large, je dirais qu’on est toujours sur la même longueur d’onde, c’est ça qui compte au fond.
J’aime beaucoup la pochette de Nocturne de Wild Nothing. C’est éclatant, il y a beaucoup de couleurs. A l’époque où tout le monde utilise le Marbling, Tatum a su le faire avec classe et lui donner un truc un peu différent. La pochette est folle, on peut changer le marbling selon l’humeur, le morceau, bref, c’est un bel objet ( le son est classieux aussi !)
Pastel Coast - Hovercraft
- Eau
- Always
- Aquarius
- La Nuit
- Kerry
- Galanterie
- Zadig
- Vacation
- Home
- Hovercraft