Première question somme toute assez basique… Comment vous-êtes vous rencontrés ?
Manoah : Nous étions tous les deux au B.B.C.L. Je ne sais pas si tu connais..
Discographie
ManopoloDu tout.
Paul : C’est le Big Band des Collèges et Lycées. Il a été fondé par Musique en Herbe, une association fondée par Willy RAZAFIMBELLO. C’est une école de musique du quartier Saint Leu. C’est grâce à eux que j’ai découvert le jazz et la musique de rue. J’étais au saxophone et Manoah chantait.
Manoah : Il n’y avait que des collégiens. On s’est rencontré à l’âge de 13 ou 14 ans. Mais il était au saxophone, je chantais…Par la suite Paul a fondé un groupe de jazz et m’a appelée pour que je vienne chanter. Et au final, on s’est retrouvé à faire des choses à deux.
https://www.youtube.com/watch?v=K3Axoxmx1AY
Pourquoi ?
Paul : Je me rappelle lui avoir envoyé un message pendant les vacances. J’avais l’expérience de faire de la musique dans la rue, de faire du jazz. Mais je ne chantais pas. Je voulais donc une chanteuse. On s’est testé dans la rue. Place Gambetta.
Manoah : C’était assez naturel pour nous de sortir et de chanter ainsi. On était des amis qui faisaient de la musique simplement. C’est après que les choses ont pris un peu d’ampleur.
A partir de quand ? C’était une évidence que cela prenne de l’ampleur ?
Manoah : Tout est venu avec le temps.
Paul : On s’est apporté mutuellement des choses. Et on a fait des choses qu’on aurait pas osé faire avec quelqu’un d’autre.
Comme ?
Paul : J’ai osé lui montrer mes chansons. J’écrivais depuis un an mais je gardais les chansons pour moi. Et je n’osais pas rapper devant des gens. Je lui ai montré mes textes et on a avancé. Je me suis senti plus à l’aise. On partage un rêve à deux.
Vous vivez un rêve ?
Manoah : Le mot rêve n’est peut être pas bien adapté. Nous avions entrepris des études et on les a arrêtées. Faire quelque chose qui te plait te fait forcément vibrer.
Paul : J’étais dans une école de jazz mais le côté scolaire m’a refroidi.
Manoah : Moi j’ai tenté le graphisme et le théâtre. Mais je ne me voyais pas faire ça comme un métier. Etre à deux a facilité la prise de décision. En fait, ce n’est pas un rêve, c’est notre vie.
Vous travaillez beaucoup ?
Manoah : Oui !
Paul : On a notre home studio. On sort très peu… On vit même un peu hors du monde. On a commencé à jouer dans la rue en septembre 2018. En 2019, on a enchaîné les concerts dans les bars. On a joué des sons qui ne nous appartenaient pas. Là, on travaille notre son. Nous sommes à Paris mais nous ne vivons pas Paris. On reste dans notre studio. D’où notre vie de revenir à Amiens. Peu importe la ville…
Vous avez réussi à trouver votre esthétique si on écoute Nouveau Voyage… Pourquoi avoir fait le choix de chanter en anglais et en français ?
Manoah : Ce n’est pas un choix. C’était une évidence. Depuis que j’écoute de la musique, je suis assez obsédée non pas par les mots anglais mais par le flow de la langue anglaise. La ligne était tracée dans notre tête. Elle est apparue sur la chanson.
Vous avez plusieurs morceaux en stock. Pourquoi avoir choisi Nouveau Voyage en guise de premier morceau ?
Paul : On se cherche encore. Ce morceau n’est pas le reflet de notre identité. Nouveau Voyage est le premier morceau qui nous a donné une vraie satisfaction. On a eu un compte Soundcloud sur lequel on mettait des sons qui au final ne nous représentaient pas.Là, on veut sortir que des sons qui nous satisfassent. On a désormais un peu plus de matériel et de connaissances..
Comment se réalise votre processus créatif ? Vous prenez des conseils autour de vous ?
Manoah : L’avis des autres compte car sans eux nous ne sommes rien. Mais désormais, je me fixe une règle : le son ne sort que s’il me plait. Si cela me plait, c’est beaucoup.
Paul : On commence seulement à apprécier ce que l’on fait. Il nous a fallu plus d’un an pour arriver à ce niveau de satisfaction.
Combien de morceaux avez-vous en stock ?
Paul : On avait pas mal de morceaux… Mais nous sommes surtout en train de construire un nouveau set qui nous plaît totalement. On bosse pour le concert des Inouïs du Printemps de Bourges… On veut faire quelque chose qui nous plait.On commence à avoir 4 sons qui nous plaisent. On est sur une bonne base.
Manoah : On a mis du temps à démarrer. Mais désormais les choses nous appartiennent vraiment.
Paul : On aurait pu faire, pour les Inouïs, notre ancien set…
Mais vous avez fait table rase.
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Manoah : C’est tout à fait ça. Manopolo, c’est comme une fleur, on se régénère.
Et à quoi ressemble une journée type de Manopolo à Paris ? Combien d’heures de travail vous faut-il par jour ? Cinq heures ?
Manoah : Plutôt entre sept et douze.
Vous êtes des oiseaux de nuit ?
Paul : Oui, on travaille surtout la nuit. Même si on se lève assez tôt.
Manoah : C’est parfois compliqué. On se pose beaucoup de questions sur nous. Il y a des jours où on doit sortir, où on doit voir autre chose. On va quitter Paris pour Amiens.
Paul : On a même hésité à s’installer à la campagne. On revient à Amiens pour y installer notre QG. On se sent chez nous. Ce qui n’est pas le cas à Paris. Cette ville ne nous correspond pas.
Top 10 Manopolo
- 01) L’artiste de 2019 que vous avez le plus écouté ?
- 02) Le disque que vous attendez le plus en 2020 ?
- 03) Le producteur de vos rêves ?
- 04) Votre bande originale de film préféférée ?
- 05) Votre pochette de disque préférée ?
- 06) Le meilleur endroit sur terre pour faire un concert ?
- 07) Le meilleur endroit sur terre pour voir un concert ?
- 08) L’artiste mort avec qui vous auriez bien bu un verre ?
- 09)Si vous pouviez créer un festival… Quels groupes inviteriez-vous ?
- 10) Le groupe que personne ne vous soupçonne d’écouter ?
Paul : Kendrick Lamar
Manoah : Erykah Badu
Paul : C’est difficile… On écoute très peu de musique depuis que nous en écrivons.
Manoah : Les choses sont moins évidentes quand tu écris…
Paul : J’ai beaucoup attendu le disque post-mortem de Mac Milller qui vient d’être publié.
Manoah : J’aime beaucoup le travail de Le Motel. Il a travaillé avec Roméo Elvis. Je trouve qu’il s’est bien patché avec lui.
Paul : Flying Lotus… J’aime bien tous les mecs qui gravitent autour de Kendrick Lamar. Ils ont une formation jazz. Mais c’est eux qui maîtrisent le hio hop actuel.
Manoah : Celle du Château dans le ciel. C’est trop beau.
Paul : En général les bandes originales de Miyazaki…
Manoah : New Amerykah d’Erykah Baduh. Je devais avoir treize ou quatorze ans quand je l’ai acheté. J’ai acheté uniquement ce disque pour sa pochette.
Paul : Moi j’adore les pochettes de Miles Davis. Elles représentent souvent des peuples africains…
Manoah : Sur la Lune ! Reste à savoir si c’est possible sur le plan technique.
Paul : Jouer pour un public qui a pas accès à la musique. Pour qui ce serait totalement neuf.
Manoah : Un beau théâtre. Ou l’Opéra Garnier. Les prix des billets sont chers… La salle est très belle.
Paul : Les théâtres antiques « ouverts » comme celui de Vienne.
Manoah : Billie Holiday.
Paul : Peut-être Miles Davies.
Paul : Kendrick Lamar et Oxmo Puccino.
Manoah : Il faudrait que ce soit très éclectique. Inviter Safia Nolin…
Paul : Et Maceo Parker !
Paul : Drake. Ou les Who… J’aime bien le rock anglais.
Manoah : Certains rappeurs… PNL. J’aime bien leur son.
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Les Manopolo seront en concert les :