Sunshade est un duo. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Mathieu Rivalan : Sur internet, Jean-Christophe composait à nouveau après avoir quitté son groupe précédent et il cherchait un chanteur. Moi j’enregistrais de la folk dépressive lo-fi chez moi ! Je cherchais un groupe. On a composé immédiatement et assez vite neuf premiers titres qui ont donné l’album Music by The Pool. Ensuite on a sorti Souvenir début 2017, et là on sort notre nouvel album qui s’appelle Visages en mai. Avec deux premiers singles : Magic Kid et Flowers.
Jean-Christophe Valleran : plutôt chanceux, nous nous sommes trouvés très rapidement.
Sunshade – Flowers
L’artwork du disque est signé Emmanuelle Valleran. Pourquoi votre choix s’est porté sur elle ? Elle a eu carte blanche ?
Mathieu Rivalan : Quand j’ai rencontré Jean-Christophe et Emmanuelle dès le début du projet, on baignait dans l’artwork d’Emma qui est une illustratrice incroyable, avec une vision et une modernité très pop qu’on adore. Dès qu’on a commencé à composer, Emma dessinait ou peignait. Parfois c’était pour une chanson, parfois c’était pour autre chose et c’est nous qui nous inspirions de son travail. Je pense par exemple à la chanson None We Should Love sur le premier album pour laquelle Emma avait dessiné cet incroyable chien sur un sol jaune, ou Charlotte Walk with Me, avec une petite fille qui tient la main d’un petit garçon, vision pop de l’amour d’enfance assez proche des enfants du mini-clip de Magic Kid qu’on vient de sortir.
Jean-Christophe Valleran : Oui, l’univers graphique d’Emma et sa production autour des chansons en font un membre à part entière de Sunshade. Les visuels sont étroitement liés aux sonorités, c’est un travail qui est de plus en plus indissociable de notre musique.
Mathieu Rivalan : Elle a carte blanche dans le sens où on ne passe pas « commande » des illustrations et des images, on les fait évoluer tous les trois ensemble. Avec l’album, on s’apprête à sortir un clip en animation pour notre titre L’Oiseau qu’on vient juste de terminer d’enregistrer. Ce sera pour le printemps 2020, on est super excités de sortir ce premier clip.
Jean-Christophe Valleran : On a totalement inversé la méthode de travail en composant à l’image et en écrivant à partir des rushes.
Où avez enregistré votre disque ? Combien de temps cela vous a pris ?
Jean-Christophe Valleran : On enregistre dans notre studio proche des bords de Marne, c’est un lieu élaboré au fil des années qui donne la part belle aux guitares et aux synthés analogiques, c’est un environnement plutôt familial, confortable, où on peut prendre le temps, travailler et discuter production et mixage au jardin par exemple. Nous abordons la question du temps comme un véritable luxe. L’autonomie face à la production, aujourd’hui, est une chance. Les démos instrumentales sont sorties très vites, l’album comportera quatorze chansons, mais une quarantaine ont été composées en quelques mois. Le temps se ralentit quand nous abordons la phase de sélection. Celle-ci se fait à travers la composition du chant et l’écriture. À partir de là, presque tout dépend de Mathieu, le texte et la ligne de chant structurent le titre. On enregistre alors avec beaucoup de soin les voix, lorsqu’on est satisfait, on affine les arrangements instrumentaux.
Comment définiriez-vous votre son ?
Mathieu Rivalan : Doux, mélodique, nostalgique.
Jean-Christophe Valleran : Oui, nostalgique, des sonorités pop « happy-sad ». J’aime la fraîcheur et la simplicité pop, des beats droits et simples et des basses mélodiques, en revanche, les sons de synthés que j’affectionne renvoient toujours à des souvenirs diffus de musiques, des impressions du passé, une nostalgie qui nous tient. De ce point de vue là, je me sens un peu passéiste sur les sons des guitares, des synthés et de la basse. J’écoute
très peu de musique quand je compose, mes influences sont davantage de vagues souvenirs sonores et musicaux. Mathieu de ce point de vue à une culture contemporaine plus pointue.
Mathieu Rivalan : c’est moi qui fait la veille musicale !
Quelle est l’histoire de Flowers, votre nouveau single ?
Mathieu Rivalan : L’histoire commence par la lumière du matin qui se lève sur la chambre d’un couple. Mais au lieu de commencer sa journée tranquille directement, de se faire un café, le mec réfléchit tout haut à ce qu’il ressent pour la nana qui dort encore et n’arrive pas à se lever. Il lui dit que ses jambes sont douces, qu’il l’aime, que tout ira toujours bien, qu’ils seront toujours comme deux fleurs sur un chemin de campagne, ensemble sous le soleil. Pour ce morceau, ainsi que sur Belle Journée, le premier titre de l’album à paraître, je chante avec Servane, la chanteuse de Lubie, un jeune groupe qu’on aime beaucoup et avec qui on va partager des scènes bientôt. C’était bien d’avoir une voix féminine parce que c’est vraiment une chanson sur le couple.
TOP 05
01) Le disque que vous avez le plus écouté depuis le début de 2020 ?
Mathieu Rivalan : Je regarde mon classement Spotify … Indigo de Wild Nothing ! Mais attends c’est à cause de deux chansons qui faussent le classement. Il faut un album entier ? Sleep Well Beast de The National. C’est mon dernier album préféré en date.
Jean-Christophe Valleran : Pas récent, To the Rescue de Divine Comedy, j’ai toujours aimé l’approche de Neil Hannon, j’aime comment le refrain boucle, cet album n’est certainement pas son meilleur, mais il me transporte à chaque fois.
02) Le disque que vous attendez le plus ?
Mathieu Rivalan : Moi j’attends un nouveau Syd Matters depuis dix ans. Mais à la place y’a que des nouveaux titres de Thérapie Taxi.
Jean-Christophe Valleran : ah, ah ! Oui en effet, l’attente est longue, je suis d’accord avec Mathieu, Syd Matters est vraiment avec Eels notre truc commun.
03) Le refrain ultime ?
Mathieu Rivalan : dans toute la musique ? vas-y c’est impossible. Bodies des Smashing Pumpkins.
Jean-Christophe Valleran : Julia des Beatles, refrain sur l’intro, fragile et tendre. Ou alors Where is my Mind ? des Pixies.
Mathieu Rivalan : c’est marrant, t’as choisi deux chansons sans refrain ! Ahah !
04) Votre bande originale de film préférée ?
Mathieu Rivalan : Nick Cave dans L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford avec Brad Pitt et Casey Affleck. Avec le piano vibraphone au début sur la voix off. C’est mon film préféré.
Jean-Christophe Valleran : La Scoumoune de François de Roubaix, le film je ne sais pas, mais la musique est géniale, très inventive.
05) Le meilleur endroit sur terre pour faire un concert ?
Mathieu Rivalan : Un jardin doux, paisible et ensoleillé avec tous les gens qui nous aiment et qu’on aime sous des arbres. On va faire ça cet été sur les bords de Marne, ce sera un super concert de jardin, entrée libre. Et il y aura des fleurs sur le chemin.
Jean-Christophe Valleran : Oui, pas mal! En effet, un lieu beau et agréable dans lequel on ne fait pas de concert habituellement, le mythique Live at Pompéi des Pink Floyd fait rêver, s’installer avec tout ce qu’il faut pour faire du son et de l’image dans un lieu exceptionnel, c’est idéal. Pour moi, un grand musée, le Rijks Museum à Amsterdam, Orsay, les terrasses de Pompidou.
Visages des Sunshade sera disponible le 15 mai 2020.
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