La playlist de Martin Luminet
En écoute avec Martin Luminet
Pour moi c'est un des plus beaux morceaux du monde, j'ai jamais croisé un morceau qui me parlait autant. C'est dur, c'est lucide, ça parle des parents, de ce moment où l'on devient autant des adultes qu'eux et que l'on cherche à savoir ce qui nous a amené à être comme on est, qu'on a assez grandi par nous même mais que des questions persistent, que nous même on ne se comprend pas donc on rembobine le film nos parents et l'on cherche des réponses nous concernant, c'est le moment où on les appelle moins « papa, maman » mais que l'on cherche à construire une nouvelle relation avec eux, et pourquoi pas, que ce soit à notre tour de les aider.
Dans ma liste musicale d'amoureuses, cette chanson est comme mon premier amour. Je ne connais pas de chanson qui illustre le mieux le mot « mélancolie », Souchon a fait de ce mot un véritable mouvement je trouve. Tout y est élégant même la tristesse.
Les paroles de cette chanson sont venues se poser dans ma vie à un moment où je traversais exactement ce qu'il est décrit dans les couplets. C'était une rencontre assez troublante, du coup j'ai beaucoup de reconnaissance pour ce titre, je ne saurais pas l'expliquer d'avantage, il m'a aidé à avancer, les chansons ont ce pourvoir, d'en 3 minutes dénouer des mois de tourmente.
Antoine Bertazzon est un ami un peu particulier puisque nous sommes amis en chanteurs à la fois. On avance un peu de la même manière dans cette vie d'incertitudes charmantes et de doutes, on essaye de s'aider au mieux et de tempes en temps on se fait des surprises. Antoine a enregistré cette chanson et m'a demandé d'écrire un petit bout de texte parlé, ç'a été un moment très épanouissant puisque j'ai du mettre des mots sur quelque chose dont je n'avais pas encore le courage de parler. Cette chanson est en elle même une vraie merveille et incarne tout l'album d'Antoine. Donc qu'il m'ouvre ainsi la porte et me fasse une place dans ce morceau, à ce moment de nos vies, ça voulait dire beaucoup.
La Nuit Américaine est mon film préféré et la musique de Delerue à l'intérieur, supplée par les images étourdissantes d'un film entrain d'être tourné sous nos yeux donne une sensation vertigineuse. Ca donne envie de s'accomplir et de réussir des choses.
C'est un morceau assez récent et discret qu'un ami très cher m'a confié. On ne s'est pas partagé ce morceau comme on se donne de la musique mais plus comme on essayait de prendre soin de l'autre à distance. J'ai toujours rêvé d'inventer un métier qui consiste à prescrire des chansons plutôt que des médicaments pour guérir des choses de la vie. Y''en a pour qui écouter du Souchon matin et soir pourrait faire le plus grand bien.
Cette chanson est extraite d'un spectacle de danse de la compagnie Cirkus Cirkör, dans leur pièce Underman, qui raconte comment un garçon, après s'être séparé de l'amour de sa vie, s'est fait hisser et porter par ses amis danseurs pour le sauver de la morosité. C'est une prouesse et il y a de vrais moments de bravoure simplement en voyant un corps porté par un autre, surtout lorsque l'on connaît désormais l'histoire qu'il y a derrière, c'est terrifiant de beauté.
J’ai connu Girls in Hawaï l’année du bac, j’ai très vite été pris par l’énergie et la sobriété dans la réalisation, l’énergie étant à la fois le carburant et le véhicule, à côté ils ne prennent que le stricte nécessaire, on dirait un corps qui respire, il y a des silence, des fulgurances, des moments étouffants et de la quiétude. Il y a quelques années, un des membres du groupe a perdu la vie et durant de nombreux mois il n’y avait que la photo de lui sur leur site internet, silence radio assourdissant. Et puis un jour ils ont refait surface avec un album intitulé Everest, toute une œuvre dédiée à leur batteur disparu, c’est saisissant et cette chanson est presqu’un pont entre ici et les étoiles.
Petit je n''ai pas fait de musique, j'ai grandi dans une famille de basketteurs, donc la musique c'était surtout dans la voiture et mes parents n'avaient qu'un CD de Voulzy et de Céline Dion. Récemment je l'ai vu dans un magasin, je l'ai acheté pour rigoler mais j'étais sidéré de tout connaître par cœur, 15 ans après, sans avoir révisé !
Beaucoup de personnes cherchent les successeurs de la nouvelle scène française initiée au début des années 2000 par Keren Ann, Bénabar, Biolay, Fersen, Delerm, ces auteurs de chansons, qui ont mis un vrai coup de fouet à la « chanson française », un peu comme la Nouvelle Vague avait dépoussiéré et sidéré le cinéma français dans les années 1960. Il est vrai que les bons paroliers se font plus rares mais peut être parce qu'on ne les cherche pas au bon endroit. A mon sens l'avenir de la chanson à texte se trouve dans le rap. Il y a une vraie envie de modernité et des sujets qui en disent long sur une époque et les générations qui l'escortent.