D’habitude, les textes qui accompagnent les disques sont lénifiants avec des détails sans importance. Ici tout d’abord ce n’est pas un disque mais une trilogie, une aventure intime, un voyage intérieur. Lui nous parle de Ravel et Schubert, nous, nous pensons à Saint Saëns et Satie pour nous aider à traverser les tumultes de la rentrée. Merveille dans la pirogue nous fait glisser dans un rêve éveillé tel Fitzcarraldo illuminé ou les opérateurs Lumière des débuts du cinématographe, cerné d’une nature exubérante et luxuriante magnifiée par Yan Schreck.
Et les mots ci-dessous sont de Babx, simples et touchants.
« Ceci n’est pas un disque de « piano solo ». Surtout pas !
J’ai beaucoup trop de respect pour les pianistes, les vrai.e.s, qui ont épuisé leurs phalanges des heures et années durant pour extirper à ce grand orque noir toutes les combinaisons qu’il recèle. Chez moi, rien de tout ça. Le grand Orque fait partie de la famille. Comme le chien. Pas une maison où j’ai passé des bouts ma vie sans lui.
Discographie
BabxPas un jour sans que lui et moi ne partions en ballade. A se demander au bout du compte s’il est dans la maison ou si il est LA maison. Je ne me sens pas chez moi tant qu’il n’y est pas. C’est cette part d’intimité avec la musique que j’ai voulu capturer dans ce disque. Comme un enregistrement pirate. Ne surtout pas régler mes comptes avec le pianiste que je suis et surtout celui que je ne suis pas.
Jouer du piano fait partie de mes gestes. De ceux que l’on fait tous les jours sans même s’en rendre compte. Comme le pizzaïolo prépare sa pâte ou le maçon son enduit, moi je joue au piano. Mais pas au pianiste.
Ces gestes-là proviennent de loin. On nous les transmets, on les imite et il deviennent nôtres. Toute l’histoire des musiques dites « traditionnelles » partent de là. Mon histoire aussi. L’on dit que les maisons sont habitées par les fantômes des gens qui y ont vécu bien avant nous et que nous cohabitons avec eux. Il en est de même des musiques. On ne crée rien, on prolonge le geste de celles et ceux qui nous ont précédés.
Il ne serait pas impossible que si l’on ouvre la porte de cet album, l’on puisse voir passer les fantômes de Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou, Thelonious Monk, Charlie Chaplin, Mal Waldron, des vieilles fanfares minières du nord de l’Angleterre, d’un joueur de N’Goni au Mali, de Nina Simone, de Mary Lou Williams, de Ravel, de Schubert et j’en passe…. et cela d’autant plus que je les ai tous invités puisqu’ils et elles vivent en moi depuis toujours et qu’en fin de compte je vis aussi « chez » eux. »
Merveille, jeune princesse Congolaise, traverse la rive sous la pluie vers l’Île des Amoureux.
Merveille a peur de l’eau. Elle connaît les esprits du fleuve et les Sirènes qui l’habitent…
Babx – Merveille dans la pirogue
« J’ai rêvé dès le départ, faire paraître cet album sur le label Buda Musique, véritable trésor de l’humanité, car il me semble que cette maison-là est celle qui a le plus profondément documenté et depuis des décennies ce qu’était la musique dans la vie des gens, à travers le monde et le temps. Avec ce que j’espère de pudeur, j’ai voulu – probablement parce que je devenais papa- moi aussi documenter ce geste que m’a transmis ma mère afin que bien plus tard ma petite fille puisse reconnaître dans ces quelques morceaux, le son qu’elle entend tous les jours et qui deviendra peut-être aussi, à son tour, sa maison. »
« S’il arrive que tu tombes apprends vite à chevaucher ta chute, que ta chute devienne cheval pour continuer le voyage » René Depestre
« Trois années pour une trilogie.
Il y a trois ans et des poussières je rencontrais ma fille Alma, débarquée au Monde.
Il y a trois ans et des poussières, je quittais Paris pour une ville où le soleil transperce tout.
Il y a trois ans et des poussières, le Monde entier s’arrêtait pour un court moment et reprenait son souffle.
Faire de la place… Faire « place nette ». Regarder et entendre nettement là où le voyage nous a emmenés. Apprendre une nouvelle vie comme on ré-apprend à marcher. Ré-apprendre la musique. Celle de cette Vie-là, nouvelle, tombée d’un seul coup. Chevaucher cette chute pour continuer le voyage.
Alors que depuis l’âge de mes 16 ans, je ne m’étais jamais arrêté, tout alors me signalait de marquer une pause, une vraie, dans le cours des choses. Fermer boutique un moment pour ne rien laisser filer de ces bouleversements.
« Fermeture pour congé » aurais-je dû signaler.
Retravailler la musique comme si je n’en n’avais jamais fait auparavant et tenter à travers elle « de me connaître en vrais diamants » comme le disait Romain Gary, puisque désormais chaque note que j’écrirai serait possiblement entendue par celle qui me voit le plus nettement au monde: ma fille. L’histoire de ce que l’on laisse une fois que l’on a « donné vie » n’est donc pas une légende. Elle est devenue pour moi une raison, et la plus nette qui soit, de continuer à écrire de la musique et qui se fond dans la plus grande Histoire, celle du monde que nous laisserons aux générations futures. Il y’a urgence à penser cette question et à y répondre. Mais comment pourrais-je le faire si je n’entre pas d’abord par la petite porte: celle de mon histoire et de mon monde, aussi microscopique soit-il, au regard du reste? Qu’aurais-je d’autre à transmettre que cette part de vérité que je cherche dans la musique ?
Pour tenter d’y répondre, j’ai replongé dedans en m’interdisant formellement d’y chercher un résultat ou un enjeu. Juste un quête. De justesse peut-être ?
J’ai beaucoup travaillé, beaucoup appris. De la vie surtout. Et voici que sans m’en rendre compte, trois histoires ont poussé de ce lopin de terre vierge. Trois histoires qui n’ont apparemment rien à voir les unes avec les autres, mais qui sont traversées par ces années-là. Celles qui ont donné le titre de mon futur album de chansons Les Années Lumière qui refermera le bal de cette trilogie.
Avant lui, Une Maison avec un piano dedans fait parler mon plus ancien camarade : le piano (et ses fantômes-amis). Il prendra sa route le 22 Septembre prochain.
Puis La Marche des Enfants, œuvre pour chœur d’enfants dédiée à l’immense et si courageuse mobilisation des enfants à travers le monde pour la protection de la planète, lui emboîtera le pas à l’hiver prochain.
Et reviendront les chansons avec Les Années Lumière comme épilogue à cette chute dans la Vie…
Et le Voyage continue. »
Babx
Une maison avec un piano dedans de Babx sort le le 22 septembre chez Buda Musique.
04 Avr 2025 | Maison des Métallos Paris (FR) | TICKETS |
05 Avr 2025 | Maison des Métallos Paris (FR) | TICKETS |
17 Mai 2025 | l'Astrada Marciac (FR) | TICKETS |
Dates de concerts fournies par Bandsintown