Étrange tambouille musicale que celle de La Cozna, (cuisine en savoyard). Peut être avez-vous déjà entendu cette complainte de la blanche biche par Tri Yan ou Malicorne. « Cette chanson médiévale élégiaque provient d’un mythe du Vème siècle sans doute de l’époque de l’évangélisation de la Bretagne armoricaine où les korriganes, prêtresse druidiques sont poursuivies pour sorcellerie. Certaines d’entre-elles se réfugièrent dans les bois en se cachant sous des peaux de biches. Parfois un chasseur trouvait à sa surprise sous la peau de la bête le corps sans vie d’une femme ». La thématique de la femme, mère de tous les maux irrigue l’histoire du monde de Pandore à Jina Mahsa Amini et la voix virevoltante de Clémence Baillot d’Estivaux qui percute la boîte à bourdons, la clarinette basse de Clémentine Ristord, la contrebasse de Pierre-Antoine Despatures et la guitare de Benjamin Garson rappelle à quel point ces paroles sont modernes. La réalisation de ce clip animé en papier découpé de Virgile Jardin évoque la bande dessinée Peau d’homme et son dessin faussement naïf nous invite à réfléchir sur la cruauté des hommes.
Ni nuit ni jour de La Cozna est disponible chez le Raffut Collectif.
La Cozna – Blanche biche
Celles qui vont au bois c’est la mère et la fille
La mère va chantant et sa fille soupire
– Qu’a vous à soupirer ma blanche Marguerite ?
– J’ai bien trop d’ire en moi et n’ose vous le direJe suis fille le jour et la nuit blanche biche
La chasse est après moi des barons et des princes
Et mon frère Renaud qui est encore le pire ;
Allez ma mère, allez, bien promptement lui direQu’il arrête ses chiens jusqu’à demain midi
– Où sont tes chiens Renaud, et la chasse gentille ?
– Ils sont dedans le bois, à courre blanche biche
Arrête-les Renaud, arrête je t’en prie !Trois fois les a cornés, de son cornet de cuivre
A la troisième fois, la blanche biche est prise
Mandons le dépouilleur, qu’il dépouille la biche
Celui qui la dépouille dit : « Je ne sais que dire… »
Elle a le cheveu blond et le sein d’une fille. »A tiré son couteau, en quartiers il l’a mise
On en fait un dîner aux barons et aux princes
– Nous voici tous sied, hors ma sœur Marguerite
– Vous n’avez qu’à manger, suis la première assiseMa tête est dans le plat et mon cœur aux chevilles
Mon sang est répandu par toute la cuisine
Et sur vos noirs charbons mes pauvres os s’y grillent.Celles qui vont au bois c’est la mère et la fille
La mère va chantant et sa fille soupire
– Qu’a vous à soupirer ma blanche Marguerite
– J’ai bien trop d’ire en moi et n’ose vous le dire.
La Cozna - Ni nuit ni jour