Maddalena : Tempête sous un crâne

Maddalena Si je n'avais pas la sale manie, ces derniers temps, de me faire rouler dessus par des automobilistes apparemment peu soucieux de la survie des critiques musicaux en terrain hostile, je vous aurai parlé un petit peu plus tôt de la bande de jeunes arrivistes à l'univers déjanté qui monopolisent trop souvent pour être honnêtes ma bibliothèque sonore.

Depuis quelques mois, à coups de crânes d’animaux et de peintures de guerre, les tous frais tous beaux Maddalena développent une pop stylée et un univers qui évoque facilement les équilibristes sur corde raide : esthétique de la rupture nerveuse de cadre en open space. Toujours élégants dans leurs arrangements, et contrebalançant leurs lignes musicales racées par un chant à fleur de baïonnette, les cinq membres de ce nouveau groupe ont dévoilés une campagne de com’ affûtée comme une lame de rasoir, et ça n’a pas manqué : ce mois-ci, ils entament une collaboration avec le label indie anglais Yellowdog, et prévoient plusieurs dates en Europe pour la fin d’année. Pas mal pour cinq mecs ralliés sous un crâne d’impala.

Maddalena – Naked Salome & Glover Bandini

Il faut vite mettre de côté les quelques approximations de mixage inhérentes aux peu de moyens qu’ont les groupes débutants d’aujourd’hui. Pour un collectif qui sort totalement de nulle part, leur première production relève avec aisance le défi de l’écoute professionnelle. C’est attirant, entêtant, et surtout original : Écartant d’emblée le piège des éternels power trio qui se trompent (sauf talent absolu) souvent de route, Maddalena n’hésite pas à aller puiser dans différents genres (étrange et alléchante bossa nova sur le titre Club Cigar ! ) et utiliser des pianos, violons et trompettes, comme sur le beatlesien « Naked Salome & Glover Bandini » et son atmosphère de foire aristocrate. Souvent les chansons deviennent visuelles, filmiques, aux visions décadentes de club des années soixante (voir le superbe Paris Dressed In Lights, et son orgue joueur, extravagant et assumé).

La voix, même si le registre n’est définitivement pas le même, rappelle un Ellery Roberts (chanteur de WU LYF) qui aurait enfin pris sa cortizone, elle peut reposer, accompagner, et partir le moment voulu, dans des envolées rauques et fadées. Quant aux ostinati, (c’est une phrase de musique solo, vous pourrez épater la galerie la prochaine fois), ils sont toujours bien placés, et il y a une mention spéciale à accorder au solo de guitare de la fin de Paris Dressed In Lights, absolument enivrant (j’ai d’ailleurs écopé d’un retrait de trois points en l’écoutant en bagnole.)

En clair et pour ne pas le dire deux fois, il y a du potentiel dans ce crâne, de l’inventivité, un certain talent pour les atmosphères, et il n’en a jamais fallu beaucoup plus pour me convaincre. Il faudra surveiller, prier un peu pour que le groupe ne soit pas rattrapé, (ou étouffé) par leur concept, et ne pas oublier que comme ils le démontrent avec leur premier EP, la musique doit passer avant toute chose, chez eux comme chez tout le monde. Après tout, un nom de groupe qui rappelle un film à la BO de Morricone, ça se mérite. Je vous laisse chiner leurs autres chansons, comme le très bon Hyena, sorti il y a un mois, il ne faudrait quand même pas que je vous gâche le plaisir de la recherche.

Maddalena – Paris Dressed In Lights

Leur bandcamp, allez donc vous ressourcer les oreilles au lieu de traîner sur NRJ Hits.

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