Précieux. Gianmaria était précieux pour beaucoup d’entre nous qui aimons les histoires simples et les chansons épurées. Bien sûr, on se méfie toujours des albums posthumes mais celui-ci a été mis en oeuvre par Paola Farinetti, sa femme, et Roberto Barillari, son fidèle ingénieur du son à partir de prises directes en guitare / voix où l’émotion surgit à chaque note. Dans une de ses dernières interview, il confiait « J’espère que mes enfants, quand ils penseront à moi, n’auront jamais honte de mes chansons, même dans trente ans. Ce que j’aimerais, c’est que ma musique laisse une trace, tout simplement. » Et ce disque est plus qu’une trace, plus que des titres qui auraient pu être sortis de leur contexte. Ils sont la quintessence du travail de Gianmaria Testa, un miniaturiste humaniste de la chanson. Il suffit d’écouter Povero Tempo Nostro, sublime prière laïque pour aller dans le sens de son épouse qui affirme « il m’était devenu impossible de garder cette chanson pour moi seule » et qui la poussée à fouiller dans ses tiroirs.
« Certains titres ont été écrit pour d’autres (Paolo Rossi), Questa Pianura est son interprétation de l’adaptation en italien par Sergio Bardotti plat pays Brel, Merica Merica est une chanson popularisé par Caetano Veloso avec Battiston lisant quelques-unes des lettres pleines de nostalgie que les émigrés italiens écrivaient à leurs familles restées dans leur patrie. Post-moderno Rock Gianmaria se moque des réseaux sociaux, des selfies, du dernier modèle de smartphone, et décrit un monde du tout digital sans idéologie ni valeurs. X agosto est la mise en musique de la célèbre poésie populaire de Pascoli que tout italien a étudiée à l’école primaire. Les mêmes vers, sans aucun changement. Mais avec la voix et la musique de Gianmaria, ils acquièrent force et puissance, restituant à cette poésie toute sa dimension tragique.
La pochette de l’album est une œuvre originale de Valerio Berruti, ami de Gianmaria, célébré en Italie pour ses peintures qui reproduisent avec une certaine élégance de multiples moments simples de la vie quotidienne et de l’enfance, une petite fille qui regarde en arrière,un petit garçon vers l’avant comme si elle regardait Gianmaria au loin mais n’oublie pas non plus qu’il faut aller de l’avant, se nourrir du passé pour embrasser l’avenir. »
Alors suivons cette petite fille en bleu, peut être l’âme de Gianmaria, e la nave va pour 36′ de beauté apaisante.
Povero tempo nostro
povere fatiche
povera la Terra intera
che tutte intere le patisce
povero tempo nostro
e poveri questi giorni
di magra umanità
che passa i giorni e li sfiniscelascia che torni il vento
e con il vento la tempesta
e fa che non sia per sempre
questo tempo che ci restalascia che torni il vento
e dentro al vento la stagione
di quando tutto appassirà
per chi bestemmia le parolelascia che torni il vento
e con il vento la tempesta
e fa che non sia per sempre
il poco tempo che ci restalascia che torni il vento
e dentro al vento la stagione
di quando tutto appassirà
per chi bestemmia le paroleche tutto appassirà
a chi bestemmia le parolePauvre notre temps,
Et pauvres sont les peines,
Pauvre la Terre entière
Qui toutes entières les éprouve,
Pauvre notre temps,
Et pauvres sont ces jours de maigre humanité
Défilent les jours et les éreintentPermets que revienne le vent
Et avec le vent la tempête
Et fasse que ne soit pas éternel
Ce temps qui nous restePermets que revienne le vent
Et en son sein la saison
Où tout fanera
Pour celui qui blasphème les motsPermets que revienne le vent
Et avec le vent la tempête
Et fasse que ne soit pas éternel
Le peu de temps qui nous restePermets que revienne le vent
Et en son sein la saison
Où tout fanera
Pour celui qui blasphème les motsCar tout fanera
Pour celui qui blasphème les mots
(Merci Marie Laure B.)
Gianmaria Testa - Prezioso